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Site litte²¡ire de Ghislain Gilberti, auteur de poe³©e, nouvelles, romans, essais et paroles. Dans le registre contemporain et sombre, c'est une exploration des zones d'ombres de la socie´©, de ses sous-sols, ainsi que des souffrances, du desordre et du v

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bandu2 : menu_arrow.gif Article: A grands coups d'Elle - 24/04/2009 07:39

A grands coups d'Elle

 

A grands Coups d’Elle 

A Cécile "Céleste" Amarger

 

(…)

 

 

 

      Mes mains fendent les ténèbres, s’agrippent à ce vide que tu as laissé. Les larmes coulent et zèbrent mon visage livide. Je retrouve mes cernes.

      Mes démons

      Mes poisons.

 

      Seul à nouveau, l’âme en berne, je vais prendre ma pelle pour creuser mon tombeau. Une fois de plus et de plus belle.

 

      Je brasse un vide glacé plein d’images de toi, mais mes bras fatigués sont pétrifiés de froid. Ils réclament une seringue ou un instant de toi autour duquel couler, s’enrouler, pour se fixer comme ça.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      Mes lèvres dansent dans l’air noir, articulent ce prénom au double sifflement. Immobile, terré dans mes propres ténèbres, je me replie sur mes rêves insensés, ceux qui l’abritent.

      Une lumière fade révèle mes chairs, mais je me serre, mais je me presse, mais je me cache. Je rampe comme un ver dans les ombres voraces. Silence autour. Mes lèvres dansent pourtant. Silence toujours.

      Alors je m’agite et me traîne sur la pierre dans une nage illogique. Il faudrait que je crève au plus vite mais mon cœur ne veut pas arrêter ses prières. Il tambourine en suppliant, il cogne dans ma poitrine à m’en briser les côtes, à faire exploser mon thorax comme une vitrine trop vide.

      Mon agonie laisse sortir de ma gorge un enfer de soupirs qui souffle son prénom au double sifflement. Tout ça se perd dans l’espace sombre qui m’enserre.

      Mes yeux me brûlent, je voudrais qu’ils se ferment, mais ils restent béants sur cette nuit immobile. Intérieure. Ils cherchent. Ils réclament son visage, son sourire et les siens, ses yeux à elle, dans lesquels ils se sont déjà perdus une fois. Pour toujours.  

      Mes mains sondent le vide mais sa peau n’est pas là. Juste le froid sur la mienne, livide, hérissée par le manque. Mes doigts se crispent sur le néant, presque tangible, laissé par elle autour de moi.

      Alors je m’agite, je me tords, en attendant la mort dans une nage lamentable. Mon corps ondule compulsivement, comme un serpent coupé en deux. Le supplice s’éternise, s’étire le long de journées obscures, interminables, et se prolonge dans mes nuits blanches. Je déguste ma torture sans pouvoir goûter la douleur, celle du corps, submergée par celle qui dedans me fait hurler son nom.

      Il résonne dans le noir des ses deux sifflements.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je tremble d’être ici, collé là, contre toi.

      Trop près du ciel.

      Si loin du fond.

      J’ai peur de rêver. Peur qu’à mon réveil, tu retournes au virtuel. Que ta voix redevienne un alignement de lettres. Que ton regard soit à nouveau une sculpture de pixels. Peur que l’écran nous sépare, comme avant, quand mes doigts parcouraient ton visage en tremblant.

      Dis-moi que tu es là, contre moi, et que je ne délire pas. Offre-moi ta peau pour amortir ma chute. Eponge mes larmes, lèche mes plaies, réduit mes fractures. Eteins ma douleur. Fais-moi vomir mes démons, recracher mes poisons. Donne-moi un peu de cette lumière qui déborde de toi.

      Répare mon âme. Moi, en échange, je te la donne.

  

 

 

 

      J’ai sonné à ta porte.

      J’ai frappé à m’en briser les poings. J’ai pleuré sur le pas et j’ai gratté le bois. Léché le paillasson. Toi tu dormais trop bien pour m’entendre m’éteindre lentement sur le seuil.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      Les sens sans dessus dessous.

      Une absence à noyer.

      Des pleines coupes de larmes. Désarmé et perdu. Errer ici et là et bien plus loin encore. Se détacher du corps, modifier le dehors et briser tout dedans. Egaré et tremblant. Trouver quelques lumières autour desquelles tourner, ou bien un faux soleil sur lequel se brûler. Brisé. Roder dans la nuit lourde, dans ses propres ténèbres. Ravaler ses démons. Vomir des hordes d’anges trépanés. Ivre et seul. Se sentir étranger assis face à son âme. Déranger ses pulsions. Ingérer son esprit. Malade à en crever.

      Allongé sur le seuil de sa propre conscience comme sur un lit d’épines, de pierre et de poussière. Somnoler en gardant ses deux yeux grands ouverts. Une étincelle immobile plantée dans le regard.

 

 

bandu2 : menu_arrow.gif Article: Ghislain Gilberti "Contre toi" - 24/04/2009 07:16

Ghislain Gilberti            Contre toi  

 

 

               Des constellations pâles et torturées étendent leurs motifs au-dessus de nos peaux. Il est trop tard, il fait si froid. Je sens se lover ses formes contre moi, une ondulation sismique se répercute au fond ; assommé d’émotions, je bois son désir. Beaucoup trop tard. Son regard étoilé a pénétré mes sens, sa beauté est étrange et profonde, elle a violé mon âme. 

               Deux divinités fanées sous un porche maculé de pictogrammes urbains, les plaies citadines affichées sur la pierre. Peu de lumière, elle et moi enlacés. Qui est-elle ? Je n’en sais presque rien, je la connais mieux que moi-même, elle qui s’offre sans frein.

               La parure disloquée découvre à l’air glacé quelques bandeaux de chair, tout est déboutonné, relevé, écarté par mes mains gantées de caresses incendiaires. La demi nudité me suggère des images éclatées que mon désir complète, cette demi nudité, malsaine, fragile, à la moiteur expansive.

               « J’ai l’esprit écorché, me glisse-t-elle à l’oreille. J’ai peur de nous. »

               Mes doigts glissent et coulissent dans son sexe, elle souffle à mon oreille une mélodie de soupirs. Elle se serre contre moi et j’entre en elle, des larmes et des soupirs me coulent dans le cou.

               « J’ai le cœur à l’envers. »

               Sa voix siffle et grince au fond de son souffle qui accélère. Elle évacue des mots dans un chant de folie.

               « Ils nous regardent tous. »

               Tous ces yeux sur nos peaux. Tous ces yeux qui nous brûlent au travers des ténèbres. Je voudrais qu’ils se taisent, ces regards tout autour.

               Tout tremble un instant, le réel se déchire dans nos cris qui se mêlent et nous tombons, brûlés vifs. Nous tombons l’un sur l’autre, contre le bitume glacé, au milieu des ordures. Nos corps s’éteignent lentement.

               Tout autour, les ombres s’agitent dans un élan unique et vaste. Les dieux sont tombés. Des silhouettes, des bruits de pas dans l’écho de la ville, le silence de la nuit. Je serre son corps fragile dans mes bras fins, elle a peur mais mes mots la rassurent.

               « Ils s’en vont, ne tremble plus. 

               - Enfin, dit-elle dans un spasme soudain. Enfin je vais pouvoir t’aimer. Enfin je vais pouvoir dormir, contre toi, dans une éternité. »

 

               Ils s’en vont, un à un, dans le ventre de la rue et nous sommes seuls, tremblants, blessés d’amour, salis de plaisir. Blessures contre blessures, nous cicatriserons, l’un contre l’autre, liés par la chair dans des balafres atroces.

 

 

 

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bandu2 : menu_arrow.gif Article: [first]xprience - 13/04/2009 00:28

[first]xprience

 

 

     [first]xprience

 

      L’œil se trouble aux premières blessures. La peau se fait pâle, le teint ternit et vire vers des nuances claires, inquiétantes. Puis il y a cet éclat qui traverse le regard, animal, et qui grandit jusqu’à l’envahir tout à fait.

      Le vide des premiers instants est anéanti par l’instinct, invoqué et animé par le goût et la vue du sang.

      L’acier pénètre la chair et délivre l’essence. C’est une guerre ouverte contre le monde du dehors, livrée par les armées bestiales du dedans. Un combat sans merci contre le néant, contre la domestication, contre l’ordinaire, l’établi.

      Une victoire du chaos sur l’invariable.

     

      Les sens sans entraves ni filtres, sans distorsions, sans freins ni barrières. Perception crue du monde tel qu’il est, avec les règles impitoyables de l’irréversibilité, de la mortalité, de la souffrance. Terminés les rêves de vie éternelle, terminées les illusions de conscience supérieure, d’humanité omnipotente et victorieuse. La morsure du métal impose une loi qui apparaît alors comme soulignée d’une lumineuse évidence : Le corps et l’âme sont des éléments indissociables.

 

      On traverse la peau, on fouille la chair, mais c’est l’âme qu’on cherche à atteindre.

 

      Oublier son propre vide, le noyer dans la chair et sous la douleur. Donner corps à des rêves paralysés. Laisser remonter la bête des profondeurs insondables de l’âme. Faire surgir de l’abîme intérieur les plus obscures ténèbres, les plus sombres instincts. Sentir la vie battre dans le cœur et parcourir les veines.

 

 

 

      L’acier pénètre la chair et délivre les sens.

                                           [et délivre l’essence]

 

 

 

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bandu2 : menu_arrow.gif Article: Désarticulées - 08/04/2009 13:09

Désarticulées

  Désarticulées

(2005 - 2008)

  

 

Chair - Tu me rappelles à toi. Blessures. Griffures. Mon corps écorché vibre d’une souffrance délicieuse. J’ai appris ma mortalité sous tes doigts. Sous ta bouche. Dans tes bras. Par ces griffes qui épluchent ma peau et révèlent la chair. Ma chair. Cette chair tremblante d’un plaisir malsain tiré des tortures cachées au fond de tes caresses. J’aime la soie acide que tes baisers tissent autour de moi. La chair. Ma chair. Cette chair implore ton regard de la brûler encore. Brûlures. Cette passion vénéneuse a fait de moi un écorché soupirant. Suppliant. Implorant qu’on le détruise encore, qu’on le déchire encore un peu. Encore un peu plus. Tout me rappelle à toi. Les draps se gorgent de nos soupirs. Tu me rappelles à toi. Ecorchures. Griffures. Brûlures. Plaies jouissantes sur le fil de tes lèvres.

 

Urban Murmuring - Comme un chant sans musique. Il se passe quelques heures, mon corps étendu, immobile, est lové contre l’air tiède du soir. La fenêtre me joue une symphonie urbaine. Un chant désincarné. Impersonnel. Comme un murmure. Un vide immense à peine comblé. Dedans. Dehors. Le vide tout juste masqué. Eclat sans lumière. Vide. Le calme s’étire sur son trône. Le calme et pourtant. Il semble qu’un hurlement prenne naissance au loin. Au fond. Tout au fond de mon corps. Mon corps bercé par le murmure. Noyé par le vide.

 

Mortel - Avoir la vie devant soi. Etre aveugle ou bien fou. Quelques incertitudes, tout au plus, mais la vie sûrement pas. Je n’ai rien devant moi, si ce n’est ces secondes qui me glissent des doigts.

 

Vide - Un souffle. Une vague. Quelques incertitudes. Enfin la peur. La peur qui se devine dans le reflet d’un lointain souvenir. Pourriture. Image putride. Un envol. C’est comme un envol. Un envol à l’envers. Violence. Choc. Puis rien. Rien de plus que le Vide. J’aimerais pleurer ou rire. Vraiment. J’aimerais hurler ou chanter. Rien ne vient rompre ce sac de vide dans lequel je flotte. Dans lequel je me noie. Paralysé. Frisson surpuissant. Un spasme atrophié. Statufié. Un tremblement cimenté, emmuré.

 

Ligne - C’est le moment de doubler, trop longtemps que ça traîne. Une ligne continue à franchir. Quelques secondes suspendu à rien et ça ira. Ça ira. Passer la ligne blanche, se pencher en avant. Respirer un grand coup et puis bloquer.

Passer la ligne. Enfin. Passer la ligne et dépasser ce qui gène. Toutes les entraves à grand coup d’accélérateur. La ligne blanche. Dernière limite. Continuer. La ligne blanche. Respirer. Bloquer son souffle et l’effacer.

 

Oubli - C’est une question de courage. Effacer les données une bonne fois pour toute. Tout recommencer, en espérant que ce soit possible. Peut-être que je m’inquiète pour rien. Peut-être que je l’ai déjà fait et que je ne m’en rappelle plus. Ce serait logique, d’ailleurs. Problème. Impossible d’en être certain. Si j’efface tout et que plus rien. Plus rien. Néant. L’idée fait peur, c’est ça qui décourage pas mal d’entre nous. Mais de toute façon, un seul moyen de savoir, ou alors d’oublier, ou alors de plonger dans le vide absolu. Quitter la matière. Ne pas penser à cela. Enfoncer la touche une bonne fois pour toute. Erase Data. Une question de courage, je disais. J’en ai du courage, mais putain, à ce point là. Enfoncer la touche. Ecraser la gâchette. Bang. Une bonne fois. Voir si c’est possible de reprendre à zéro. Qui sait ? Pas moi. Erase data. Erase data.

 

Opium - Un opium sucré. Friandise. Baiser de bonbon sur mon âme brûlante. La houle imprécise ordonnait plus de vent et l’eau sucrée d’une mer sirupeuse donnait la nausée a mon être tendu. La salive à ma bouche cherchait d’une langue avide le sucre d’or brun qui poudrait ses délices à l’heure du grand vertige. J’ai soufflé les bougies du gâteau coloré. Pourtant nulle fête. Juste le vertige et le vide en dessous. Pourtant nulle vie. Et ma tête en dessous suppliant le vertige.

 

Suffocation - Le souffle court. Ma main sur ton cœur et mon cœur dans la tienne. Hypertension. Surpression. Compression. Constriction. Le regard lourd de douleur. J’ai un peu peur de ce sourire. De ton sourire. De mes soupirs qui meurent. Le souffle court. Le souffle court. Ton regard fier court toujours sur mon visage gris comme la pierre. Plus bas que terre, je te supplie de mes yeux froids. Je t’en supplie, achève-moi. Respiration compromise. Suffocation. Fièvre. Ma main indécise écrit ton nom dans les ténèbres. Strangulation. Mes doigts caressent tes mains qui pressent. Tes mains qui font mon souffle court.

 

Azur - Azurer d’un regard l’espace mort de l’abîme. Le volume infini se teinte de toi. Entre tes lèvres un soleil fou se dessine. Juste l’esquisse d’un sourire. Tout s’illumine entre tes bras. 

Nuits saoules - Quatre nuits. Greffé. Essoufflé. A ton corps accroché. Quatre nuits sans sommeil, en sueur. Tous les cris de la veille reviennent me heurter. Et le jour recule sous ta langue trop longue. Mes mains cherchent tes mains, mon souffle se perd dans la fumée épaisse de deux cent cigarettes écrasées sur ma peau. Ma vie, mon ange, entre tes bras. Le jour coule comme trois minutes, le temps d’une cigarette brûlée entre tes doigts, et la nuit neuve et saoule me ramène à te bras. Une nuit de plus et je meurs. Tu bois mon sommeil, tu vomis des nuits blanches. Chaque instant sous tes hanches je crache mon dernier souffle. Ma gorge cherche de l’air dans l’odeur du tabac froid que tu réchauffes déjà d’une nouvelle cigarette. Tu avales le matin, tu recraches une nuit, une nuit neuve et saoule, vénéneuse de toi. Deux fois. Trois fois. Et une fois encore. Moi, je hurle sans bruit au matin qui s’enfuit de m’endormir enfin, de piétiner mon corps.

 

Chambre - Le satin et les lèvres lèchent les ombres. Des chants crissent sous les caresses. Un hématome de velours vide le champ d’un espace clos. Noir profond.

 

Route - Les aurores incertaines suent des lueurs ternes sous un ciel imprécis. Ma route se perd au loin. Un astre inconnu, suspendu dans le vide, inonde l’espace d’un halo synthétique. Je suis seul sur un chemin vide. Ma route s’enfonce dans le brouillard. Une pluie écrasante tombe du haut sans faire de flaques. Epaisse et lourde, la poussière de la chemin. Ma route se perd au loin.

 

Portes - Les portes chantent sur mon passage. Portes fermées. Vitrées. Suspendues à mes pas.

 

Rivière - Les flots portent mon corps. Mes yeux rayent le ciel. Flotter dans le silence et accepter l’absence. Le néant. L’eau transporte mon corps à travers l’air brûlant. Perdu entre deux rives je prie des dieux sourds. Mon esprit qui dérive entrevoit le soleil. Les flots me bercent. Tranquille. Les flots me tirent au creux d’un lourd sommeil. Ouvrir les yeux encore une fois. Ou bien laisser le fond embrasser ma peau claire.

 

Rampantes - Le sol crache de l’ombre. L’ombre avale mes jambes. Elles rampent. Je les entends. Elles sont là, à mes pieds. Longues langues glissantes, elles arpentent les ténèbres, tremblantes. Moites. Avides. Par centaines, rampantes, elles convoitent mon corps comme un refuge sacré.   

 

Memento - Souviens-toi des premiers mots. Les premières blessures. Celles qui t’ont fait prendre goût aux caresses de la lame. Les premiers mots, ceux qui t’on fait rendre l’âme. Les mots qui ont gravé mon prénom sur ta peau. Souviens-toi des brûlures, darling. L’enfer était servi juste avant le dessert. Tu me soufflais des phrases qui dansaient dans le vide. Les premières piqûres, les premières aiguilles, qui ont visité ta chair syllabes après syllabes. Mes mots. Mes couteaux. Mes larmes et mes lames. Ton âme sur un plateau, réchauffée par mes mots. Découpée. Mâchée. Avalée. Mes mots tranchants. Souviens-toi. Convoyée. Digérée. Oubliée. Souviens-toi. Les premiers mots, ceux qui ont pris ton âme.

 

Coca - Du champagne, de la poudre et tes lèvres.

 

Le Livre - Tournons la page, fermons le livre et brûlons-le. Chaque mot me ronge. Chaque phrase me noie. Pas de temps à perdre. Détruire ce livre, le fruit toxique de nos deux âmes. Les flammes, c’est l’unique solution. Ne dis pas non, aides-moi plutôt. As-tu du feu ? Une allumette ? Quelques brindilles et du silex ? Ne parle pas. Ne pense pas. Il faut le faire ou il le fera. Détruisons-le et puis basta. Je sais qu’il contient des merveilles, mais je sais où il va. Si nous l’ouvrons encore une fois pour y écrire, il nous avalera. Notre histoire doit prendre fin. Hors de question de continuer. Laissons le dernier chapitre inachevé, nous savons trop bien comment ça finira. Un grand brasier et puis voilà. Laisse faire les flammes, mon ange, ou cet amour nous brûlera. Si tu refuses, je le ferai seul. Le temps ne pourra pas effacer tout ça. Il faut me croire. Le cacher ? Le mettre en terre ? Ça ne marchera pas ! Un jour ou l’autre, on l’ouvrira. Le feu. Le feu, mon ange. Il n’y a que ça. Les flammes, c’est l’unique solution.

 

Fall I - Cette nuit-là, j’ai déserté le monde. C’était une nuit trop longue. Mes yeux se sont fermés. Moi j’ai plongé dedans.

 

LSD - Il faisait lourd ce jour là, et elles nous regardaient. Alignées dans la lumière solaire, elles vomissaient le vide par leurs yeux noirs immenses. Moi je baissais les miens pour ne pas les croiser. Quitter leur territoire. Retrouver le béton. Regagner la ville au plus vite avant qu’elles n’y parviennent. Toi tu riais, tu n’avais pas conscience. La panique me gagnait. Je les voyais approcher, se masser derrière les clôtures. Leurs auras tentaculaires rampaient dans l’air brûlant comme un nuage toxique. Elles approchaient de moi. De mon mental. Elles étaient prêtes à l’attaque. Prêtes à entrer dans mon crâne. A pirater mon esprit agité par la peur. Elles voulaient prendre le contrôle. Certaines d’entre elles semblaient sourire. Retrouver la ville au plus vite, avant qu’elles n’y parviennent.

 

Feu - Ils célèbrent le feu. Leurs hurlements déchirent la nuit, blessent les tympans, réveillent la peur. Lever des troupes. Unir quelques meutes. Faire rugir des moteurs et agiter l’espace. Dresser dans la nuit, sous la danse des flammes, des totems urbains souriants, crocs dehors. Le chien. Le chat. Le rat. Le cafard. La hyène. Quelques oiseaux de nuit. Des charognards et de la vermine. Scander des menaces, faire ressentir le nombre, faire savoir par des rires qu’ils sont incontrôlables. Et probablement fous. Mettre le feu partout, aux affiches, aux poubelles. Rappeler que ce monde fonctionne au moyen de matières inflammables. Que tout cela est fragile. Instable. Tout ne tient qu’à un fil.

 

Coca - L’extase de la coca. Les caprices de l’esprit enneigé, éveillé par les anges qui battent des ailes dans les espaces immenses, étirés au fond de moi.

 

Fall II - Parler avec le vide et puis vomir son âme dans la bouche de l’abîme. Hurler dans le silence puis se taire, lorsqu’à bout de force, les genoux touchent le sol. Ecouter les échos de son cri et des autres. Se taire et boire le chant des ténèbres muettes. Et puis parler encore avec l’obscurité. En saisir la substance. S’y plonger. S’y noyer. Nager dans cette flaque et se laisser couler pour atteindre le fond. Danser dans les ténèbres. Faire de ses pleurs un chant. Un poème. Une prière. Ou une hymne au néant. Parler encore un peu à la nuit qui s’étire, perché au bord du gouffre. Puis s’y laisser tomber, en jouissant si possible des vertiges de la chute. En oubliant le sol. Le matin. Le soleil.   

 

Les Cloportes - Les cloportes rampent à mes pieds, dans la crasse, dans les ombres qui boivent le pied des murs, dévorent les plinthes. Effacent le sol. Les sifflements de la vermine ont percé mes tympans et rongé mon cerveau. Ils ont rampé le long de mon corps et dévoré mes yeux. Ils ont creusé ma tête de galeries illogiques. Labyrinthiques. Lobotomiques. Et aujourd’hui, ils creusent encore.

 

 Kiss I - Pousser l’âme aux limites de la chair. L’entendre soupirer. Chanter à mon oreille. Elle murmure sa douleur. Son désir. Et ses zones noires débordent. Il faut la caresser, du bout des doigts, et y poser les lèvres. 

 

Dans ma Course - Dans la course, J’ai laissé l’air parcourir ma bouche. Ma trachée. Mes poumons et mes veines. J’ai laissé l’oxygène me courir dans le sang pour noyer mon cerveau. Le laver. Le rincer des pensées toxigènes qui me rongeait les os. Dans la course, j’ai oublié de rire. De vivre. De fumer. De donner à mes rêves de quoi prendre le large. Je sais que j’ai été un peu fou. Un peu barge de penser qu’il était possible de semer mon ombre et ma misère. Dans la course, épuisé, j’ai pas lâché, j’avais pas le droit. J’ai préféré vomir mon cœur et mes poumons. Faire éclater mes veines pleines de vide, de poisons. Faut que je le sente, que j’aie mal et que je saigne. Faut que je me sente pousser des ailes et une couronne. Un sceptre de lumière dans la paume de ma main. Faut pousser la machine jusqu’à ses limites les plus lointaines. Et quand on se croit au bout, il faut pousser encore. J’ai dépassé mon corps. J’ai oublié mes muscles noués de douleurs et contractés à en exploser. J’ai dépassé l’enveloppe. J’ai dépassé mon propre vide. J’ai aspiré de l’air et craché de l’acide. J’ai hurlé ma douleur dans des cris victorieux. C’est ma croix, mon drapeau. C’est les clous dans ma tête. Mes bras sont libres. Mes jambes fendent l’air. J’ai trouvé dans ma course de quoi faire taire la bête. Elle me poussera où elle voudra, j’accepte de me perdre, ou de trouver le nord. Je sais que j’ai encore des années à courir avant de tomber là, genoux à terre dans la poussière, et de crever comme ça, à bout de souffle. Au point final de ma course.

 

Heure - Mes frères il est l’heure de ravaler la peur, de recracher la pitié et le pardon. Mes frères il est l’heure de s’agiter et de hurler. De faire trembler la nuit, la fendre de nos cris. Il est temps que la colère résonne, d’ici jusqu’à la lune, et n’oublions personne. Mes frères nous voici collés côtes contre côtes. La chaleur de la nuit laisse aller la sueur sur nos peaux réunies. J’entends gronder les hommes et grincer la machine. Nos ombres dansent encore sous le chant de nos feux. Laissons nos yeux percer les murs et les ténèbres. Nous sommes tombés du ciel comme une pluie d’épées. Levons nos bras armés. Les reflets de nos lames ressemblent à nos regards et aux lueurs glacées que crachent les orages. Terre brûlée. Pas de prisonniers, ni d’otages. Des cadavres par milliers et du sang dans les plaines. Ma main danse dans l’air. Mes Frères, minuit sonne. Ouvrons grand nos paupières. L’heure où la colère tonne. Le douzième coup résonne.

 

Cécile - Oublie que t’as mal, Cécile. Oublie le froid, le bruit des balles et des missiles. Oublie que toi c’est un peu ça, une guerre immobile. Figée dans l’âme comme un couteau dans un sternum, Cécile. Brise la lame et hurle comme quand t’étais seule. Personne ne peut fermer ta gueule sans goûter à tes dents. Agite-toi, Cécile. Laisse pas le froid paralyser ta peau si douce. Faut remuer, Cécile. C’est pas facile mais t’as pas le choix. C’est l’heure, Cécile. Tu te bats pour toi. Oublie que t’as mal. Au corps. Au cœur. Et que les baisers drainent le malheur. Y croire encore c’est impossible, Alors sois bête, je le serai avec toi. Fais semblant de croire que c’est possible. Ouvre tes bras. Ouvre tes bras. On se fera mal le plus tard possible, Je te le jure, Cécile.

 

Une Danse - Pauvre conne. Tu as voulu danser avec les anges du fond, ceux qui savent tournoyer comme aucune tempête. Ceux qui soufflent les âmes comme de simples bougies.

 

Elagabal – Je me tenais debout, devant la pierre noire posée sur un autel. Le silence pesait. Je n’osais respirer. L’empereur me faisait face, les yeux attachés à l’objet. Son regard fou crachait des images illogiques. Il était nu, son corps de femme perlait de sueur. Il psalmodiait des incantations mêlées de comptines pour enfants. La pierre dévorait nos images, et l’âme de l’empereur coulait dans sa masse sombre.

 

J’aime pas le jour - J’ai embrassé la nuit. Moi, j’aime pas le jour. Il m’a poussé du nid. Non, j’aime pas le jour, ses lueurs suicidaires. Moi, je hais la lumière, et je vivrai sans elle. Cette putain de lumière qui a cassé mes ailes. Moi, j’aime pas le jour, et il se lève quand même, il nous crache son soleil aux lueurs sans amour, aux éclats sans je t’aime. C’est tous les jours pareil. Le jour se lève quand même et moi j’ai pas sommeil…

 

La Flaque - Flaque de rien. Mon regard s’y perd. Zone morte. Aucun éclat. Des larmes perlent à mes joues quand j’entrevois la suite. Flaque de rien. Mes yeux se ferment sur elle.

 

Dedans - Les sens sans dessus dessous. Une absence à noyer. Des pleines coupes de larmes. Désarmé et perdu. Errer ici et là et bien plus loin encore. Se détacher du corps, modifier le dehors et briser tout dedans. Egaré et tremblant. Trouver quelques lumières autour desquelles tourner, ou bien un faux soleil sur lequel se brûler. Brisé. Roder dans la nuit lourde, dans ses propres ténèbres. Ravaler ses démons. Vomir des hordes d’anges trépanés. Ivre et seul. Se sentir étranger assis face à son âme. Déranger ses pulsions. Ingérer son esprit. Malade à en crever. Allongé sur le seuil de sa propre conscience comme sur un lit d’épines, de pierre et de poussière. Somnoler en gardant ses deux yeux grands ouverts. Une étincelle immobile plantée dans le regard.

 

Terre Promise - La roue tourne dans des grincements et des plaintes. Les rouages de la machine semblent hurler de douleur. C’est le chant qui nous berce. Les aiguilles indiquent une heure imprécise au-delà de minuit. Et elles se tordent, comme des serpents qui crèvent en sifflant. Maintenant et pour toujours. L’horizon déchiré semble nous sourire et le ciel s’est écrasé au sol. Et il noie tout de sa masse noire et morte. Voici la terre promise. Ici nous règnerons.

 

Marche - L’ampoule a rendu l’âme. Tout n’est pas visible. Je tâtonne dans l’espace déployé des abysses.

 

A ta Porte - J’ai sonné à ta porte. J’ai frappé à m’en briser les poings. J’ai pleuré sur le pas et j’ai gratté le bois. Léché le paillasson. Toi tu dormais trop bien pour m’entendre m’éteindre lentement sur le seuil.

 

Fall III - Tombe-moi encore, comme toutes les nuits d’avant.